Je vous propose une ouverture d’esprit suite à la lecture de nombreux messages dont celui de Lucien Cerise que j’ai trouvé sur ce coup bien peu lucide, lui qui est présenté comme spécialiste de l’ingénierie sociale, alors même que le vote tel qu’il s’exerce actuellement est en lui-même un outil de l’ingénierie sociale de l’idiocratie.
Cette ouverture d’esprit n’est évidemment pas une fracture du crane même si certains pourraient en avoir la sensation vu l’espace si réduit dans lequel leurs pensées sont prisonnières. Cette ouverture d’esprit n’est pas non plus la recherche névrotique des délires les plus néfastes.
Comment en arrive-t-on à faire sécession ? C’est un bien long chemin pour commencer à raisonner en dehors du cadre, ou plutôt en dehors de la cage tellement la pensée est devenue pauvre.
Relier les 9 points du carré en 4 coups sans lever le crayon : possible uniquement en sortant du carré.
Une allégorie de l’intelligence.
À l’instar des muselières de la soumission ou des injections criminelles par exemple, on vous dira que vous êtes déjà dans le système et que vous faites depuis longtemps son jeu. Cela est tout à fait vrai. En revanche, ça n’est absolument pas une raison ou une condition pour accumuler les faits de complicité. Nous sommes suffisamment complices plus ou moins malgré nous de tout un tas de saloperies ici-bas pour ne pas accorder notre consentement à une de plus. « Qui ne dit mot consent » n’a aucun sens dans ce cas ; la définition de cette maxime papale est la suivante : « le fait de ne pas objecter alors qu’on en a la possibilité, peut être considéré ou interprété comme un consentement tacite ». Le mot-clé est ici « possibilité ». Des discours comme celui de Lucien Cerise sous-entendent d’office que nous sommes contraints à un (non)-choix dans un système fermé et refermé, ce qui est faux puisque la nature même de l’Homme (de l’Univers en général) ainsi que l’instinct de survie universel pousse à trouver des solutions en dehors du champ connu et reconnu, à partir explorer de nouveaux horizons, a fortiori lorsque le sujet se retrouve en situation de danger mais également lorsqu’il prospère comme le témoigne l’Histoire qui nous a conduit jusqu’au 3ème millénaire. Les possibilités de choisir d’autres voies existent donc bel et bien.
La première étape pour en arriver à réaliser de la tangibilité de ces possibilités est la conscientisation. Par définition, nous composons avec l’inconscient. Il arrive que l’inconscient devienne conscient, c’est ce qu’on appelle « se rendre compte ». Conscientiser est un prérequis pour éviter les pièges.
Arrive alors la deuxième étape qui passe par la connaissance, l’instinct et l’intuition. L’éthique découle de ces notions, elle en est même une synthèse. C’est à cette étape qu’on peut qualifier, qu’on peut définir, qu’on peut mesurer ce dont on se rend compte. Ici, on confronte la réalité à l’éthique. Typiquement : « Aïe ! Je fais de la merde en fait ». On comprend d’ailleurs pourquoi aujourd’hui la civilisation est décadente : avec une éthique faible, la confrontation avec le réel n’a que rarement lieu, la conséquence étant de ne pas se poser de question, de « ne pas se prendre la tête » comme l’assènent régulièrement les individus qui adorent se prélasser dans leur médiocrité et y entraîner les autres.
Ces deux étapes que les individus ont déjà beaucoup de mal à franchir sont pourtant des amuses-bouches de la troisième : l’évolution. C’est cette étape qui met le plus à l’épreuve l’égo. On pourrait même appeler cela l’égolution. Ce changement peut se faire dans l’instant, progressivement ou beaucoup plus tard selon la résistance de l’égo. Cependant, à chaque fois que l’égo est démasqué, il est affaibli. Au fur et à mesure que l’égo s’incline, les évolutions deviennent de plus en plus fluides et l’Être prend sa juste place.
Notre intelligence étant fondée sur notre capacité à identifier des distinctions aussi bien dans le matériel que dans l’immatériel, le véritable danger est précisément de s’enfermer dans des poncifs, dans des schémas fermés comme « Votez rouge ou bleu mais votez ! ». L’intelligence, c’est l’intention d’aller au-delà. Cette intention est avant tout, dans le temps et dans l’espace, individuelle. C’est seulement ensuite que les volontés et les actions peuvent s’agglomérer. En effet, les intentions initialement collectives ont la fâcheuse tendance à piéger tôt ou tard les individus par manque d’introspection et de réflexion authentique, et finalement par absence de force d’esprit.
Les individus se retrouvent en même temps spectateurs et acteurs de toutes ces comédies, tantôt tendances, tantôt démodées, mais toujours aussi malsaines et jouées de manière si grotesques. Rien que le fait de ne pas participer en conscience à ce jeu de dupes devrait être mis au crédit de ceux qui tentent autre chose. Qui tentent radicalement autre chose. L’ingéniosité dans ce qu’elle a de plus pur.
Tous les 5-7 ans, la France croit réaliser qu’elle se fait avoir. Statistiquement la majorité d’entre vous êtes plus âgés que moi (à l’échelle des temps cosmiques, cette différence s’atténue largement), et pourtant il apparaît que l’expérience n’est pas une condition suffisante pour valider les 3 étapes décrites précédemment. Le premier souvenir d’élections que j’ai est celui de 2002 Le Pen-Chirac. Je me rappelle que le cours de français prévu le lendemain des résultats du premier tour avait fait l’objet d’une annulation à l’initiative des ados révoltés de ma classe de 5ème pour être remplacé par une sorte de plateforme d’expressivité dans la salle de classe. 20 ans plus tard, la situation est restée la même, se répliquant sur les canaux numériques, réseaux faussement sociaux en tête. Le souvenir qui me reste de cette heure de français qui n’a jamais eu lieu est celui d’un être (le Romain à 13 ans) pour qui le tableau exposé me semblait faux alors que mes camarades s’impliquaient de toute leur âme, sacrifiant avec zèle leur énergie pour un système parasite qui se nourrit de celle-ci (loi de l’homéostasie calorique). C’est donc la 5ème fois de ma jeune expérience que les discours et les actes s’articulent autour des mêmes insignifiances intellectuelles et comportementales comme les fameux barrages humanoïdes de type castor qui jamais ne construisent mais participent sans relâche à leur propre destruction avec un sens du sacrifice presque admirable sur l’aspect anthropologique. Crier au loup est une chose, mais savoir flairer un loup en est une autre. Alors que les moutons se font éviscérer par des hordes de loups dans la bergerie sans comprendre ce qui leur arrive, ce n’est que quand le jour se lève et qu’ils voient la queue d’un loup s’éloignant dans la forêt qu’ils se mettent à bêler.
Ce qui arrive aux Français et à l’humanité en général arrive parce que nous n’avons pas été capables justement de faire autre chose que de regarder le doigt en bons imbéciles que nous sommes plutôt que voir la Lune que nous montrait le sage. Ce qui arrive en 2022 n’est que la conséquence de notre consentement et du glissement auquel nous avons participé en reproduisant, tel le poisson sans mémoire dans son bocal, des schémas délétères par lesquels s’obésifie le système tels que « voter / faire barrage parce que cette fois c’est très grave ». Sommes-nous des humains capables de trouver le salut dans la sécession ? Ou des moutons, des castors, des poissons rouges ? Une démarche scientifique consisterait précisément à explorer d’autres voies, en tout cas le pragmatisme doit nous y amener.