La tradition annuelle continue en 2025 qui se clôture par une auto-étude de cas après avoir partagé au fil de l’année des avis et analyses de cyclistes, triathlètes et coureurs que j’accompagne.
Début 2026, je franchirai les 10 000 heures d’entraînement enregistrées sur Strava depuis le jeune actif que j’étais en 2014 en Corse, moment où je me suis inscrit pour mon premier Ironman qui était aussi mon premier triathlon accessoirement. Cette aventure qui dure depuis bientôt 12 ans a été si riche en expériences utiles et en vécu constructif. Bien sûr, avec le recul, il y a des choses que j’aurais faites différemment mais je ne regrette rien parce que ce sont aussi ces erreurs qui me poussent aujourd’hui à aller de l’avant, c’est ce que je qualifie de « frustration positive ».
Dès mes premières sorties d’entraînement, ma pratique sportive s’est inscrite dans une approche « lifestyle » et cela naturellement. Quel plaisir de sortir du boulot pour aller nager, rouler, courir au coucher de soleil, rentrer au son de ses musiques préférées, se régaler d’un repas bien savouré, apprécier ses sensations, ses émotions, son corps et ses pensées, tomber de bonne fatigue, heureux de recommencer le lendemain. Cette mentalité à la fois pleinement acteur et observateur permet de monter vite et haut en compétences.
A partir de 2020, la manière d’aborder ma saison et les objectifs compétitifs ont clairement changé suite à un enchaînement de deux événements : le burnout fin 2019 et les transformations sociales profondes dans le cadre de « l’opportunisme » viral de 2020. Depuis lors, mes objectifs ne sont plus absolument des objectifs de performance pure, d’autres priorités se sont dessinées en accord avec mes valeurs et l’évolution du monde.
Il faut savoir que sport de haut niveau et névrose sont assez liés. C’est même fascinant à vivre et à observer. Par sport de haut niveau, j’entends la démarche qui est mise en œuvre par un athlète pour être parmi les meilleurs de sa discipline. Il y a toujours une forme d’obsession et celle-ci peut même détruire la passion parfois. D’un côté, j’admire les gens qui s’impliquent à 100% dans ce en quoi ils croient. De l’autre, je perçois très négativement l’attitude de quelqu’un qui poursuit coûte que coûte alors que le monde s’effondre autour de lui parce que précisément il y participe à 100% par son projet de vie.
Aujourd’hui plus que jamais, ce sont les résultats tous les jours qui m’intéressent, pas seulement en compétition. Et je ne fais pas seulement référence à des résultats sportifs mais globaux. Par exemple, le fait de ne jamais être malade ou blessé. En ce sens, je suis revenu à une philosophie plus proche de mes débuts que de la période 2016-2019. Le lifestyle est omniprésent, sport et élévation intérieure se nourrissant l’un de l’autre. Il m’arrive régulièrement d’éprouver un sentiment d’épanouissement supérieur à l’occasion d’un entraînement que d’une compétition.
Ainsi lors de la fin de saison, je n’ai pas éprouvé le besoin de faire une coupure. J’ai préféré faire un mois de septembre plus léger (une soixantaine d’heures assez faciles) sous l’influence des journées qui se raccourcissent et se rafraichissent, phénomène auquel j’ai toujours été très sensible, tout comme les belles et longues journées d’été. Sur un glissement annuel, cela porte le total à 1140 heures tous sports confondus (22 heures par semaine en moyenne) et 385 000 mètres de dénivelé. La répartition en volume étant celle-ci : 41% de vélo, 31% de course à pied (dont beaucoup de trail même si moins optimal pour le triathlon), 10% de natation et 17% d’entraînements croisés (renforcement, musculation, mobilité). C’est donc ma plus grosse année depuis toujours.
En y regardant de plus près, je passe quand même 91% du temps en zone 1 au niveau cardiaque, donc des efforts dans lesquels je suis en totale aisance, d’autant plus que mon système cardiovasculaire est très adapté (la fréquence cardiaque descend facilement). En vélo, 77% de l’entraînement est réalisé en zones 1 et 2 (les zones d’endurance « illimitée » pour caricaturer), ce qui correspond à la cible que je m’étais fixé l’an passé. Et je continuerai dans ce sens. Pour rappel, cela ne s’applique pas nécessairement à un débutant ou même à un sportif qui s’entraîne 7 heures par semaine, d’où l’indispensable individualisation de l’entraînement. Ce que je fais en 2025 est différent de ce que je faisais en 2024 et je ne parle même pas de 2014.
En 2026, je vais rester sur ces ratios de basses vs hautes intensités. Il faut dire aussi que plus on s’entraîne, plus on est fort et moins on peut accumuler de temps dans les zones d’intensités supérieures en proportion, de manière naturelle en tout cas. Et puis au passage pour tout le monde : basse intensité = égo contrôlé.
Parmi les nouveautés et pistes d’amélioration, j’en ai déjà mis en place quelques-unes depuis 2 mois comme :
- L’excentrique (descentes) en course à pied pour améliorer mon économie de course et les connexions neuromusculaires
- Le home trainer même à Tenerife où le climat permet de totalement s’en passer, afin d’optimiser les moments où je n’ai pas le temps avec les coachings, quand il fait nuit ou pour exécuter des séances bien précises
- Nager 3 à 5 fois par semaine puisqu’en 2025 j’ai beaucoup moins nagé et les chronos ont arrêté de progresser malgré toute la musculation que je faisais qui ne remplace toutefois pas la base (une certaine quantité de technique et de vitesse en natation)
- Des entraînements croisés sur ma terrasse plutôt qu’à la salle de sport, au poids du corps, avec des élastiques, avec un ballon de gym mais en allant chercher la difficulté autrement : unipodal, instabilité, angles et amplitudes, etc.
À propos d’entraînements croisés : le triathlon, le cyclisme, la course à pied sont des sports d’endurance d’aérobie et de force avant toute chose. L’aérobie est essentiel pour parcourir la distance et la force permet de maintenir la technique malgré la fatigue. Il y a un courant mensonger actuellement qui mène des sportifs amateurs avec peu de disponibilités pour s’entraîner à remplacer des séances spécifiques dans leur sport par des séances d’entrainements croisés. Pour ma part, j’intègre le renforcement musculaire directement dans l’entraînement de natation, de vélo et de course à pied par des exercices spécifiques dans mes coachings en ligne. Effectivement en vieillissant il peut y avoir un intérêt à ajouter des séances de musculation mais il faut faire un choix dans une vie déjà très active. Et on ne peut pas comparer un sportif professionnel qui a déjà tout optimisé et qui va chercher les dernières marges de progression dans la musculation à un amateur qui manque de temps, qui pratique son sport avant tout pour le plaisir et l’équilibre que cela lui apporte et qui peut s’améliorer plus rapidement avec une séance intense en vélo qu’en musculation.
2025 a été l’année en compétition la plus dense et fournie en podiums : 8 courses = 8 podiums dont 2 victoires. À noter deux belles découvertes : le KOS Xtreme Triathlon pour débuter la saison et le Vercorsman pour la terminer, épreuves sur lesquelles j’ai aussi battu des records personnels avec des bonnes sensations (tout en restant difficile bien sûr). À 36 ans, je progresse encore et, à chaque fois que j’ai le sentiment que ça devient vraiment dur d’aller chercher un petit peu mieux, un nouveau pallier de progression se dévoile comme ce qui est en cours actuellement à l’entraînement.
Aujourd’hui, le sport prend plus de place que jamais dans ma vie entre les entraînements, les coachings à distance et les stages à Tenerife ou à Embrun. Et pourtant le sport ne m’obsède plus comme il l’a pu l’être à une époque. Ce sont 12 ans de mon existence consacrés à cette passion devenu une façon de vivre construite année après année, exigeante et évidente à la fois, pour laquelle il faut se battre tous les jours. Comme le dit Stéphane Matala : « La passion est une maîtresse exigeante ; elle vous demandera tout et pour réussir il faudra tout lui donner ».
Cette vie s’inscrit dans un temps long, sans compromission, sans croissance à tout prix, mais avec une conviction puissante, la volonté de générer du Beau, durable et qui a du sens. Et cela sans céder à la course à l’armement, à la mythomanie ou au synthétique dans un monde où « les imbéciles sont sûrs d’eux et fiers comme des coqs de basse-cour, alors que les gens intelligents sont emplis de doute » (Bertrand Russell).
Jamais deux sans trois citations, j’ai fait pleinement mienne celle de Richard Francis Burton : « Fais de ta pensée un empire ». Et j’ajoute : de ton corps aussi.