Est-ce que c’est mal d’être un champion de l’entraînement ?

Je me souviens de la réaction de mes amis après mon premier marathon. Alors qu’ils s’étaient entraînés avec moi plusieurs fois et qu’ils pouvaient juger de mes capacités, ils prêtaient peu attention à mon niveau sportif. Cependant, les résultats officiels de la compétition, le classement formel a déclenché en eux un fort intérêt pour ma pratique. J’étais surpris de leur réaction parce que je savais quel chrono j’allais faire sur ce marathon compte tenu de ce que je faisais à l’entraînement et je pensais qu’eux aussi le savaient.

Il y a ces histoires de grands champions cyclistes qui s’entraînent avec d’autres qui sont au moins aussi forts qu’eux mais qui sont derrière en course. Il y a aussi ces sportifs amateurs et même parfois professionnels qui aiment davantage s’entraîner que la compétition. Quelques cyclistes et triathlètes ont ce profil dans mes coachings. Ils perçoivent la compétition comme un passage obligé alors que d’autres ne s’entraîneraient pas s’il n’y avait pas de compétitions à la clé.

En soi, un champion de l’entraînement est potentiellement un champion en compétition puisque quand on est fort, on est fort. Et tous les champions en compétition sont déjà des champions de l’entraînement. En revanche, un champion de l’entraînement n’exprimera pas pleinement sa force en compétition en raison d’une mauvaise gestion, d’une nutrition défaillante et surtout de l’aspect mental, notamment son niveau de relâchement. Les plus grandes performances sont généralement réalisées dans une certaine facilité esthétique qui traduit un véritable relâchement dans la tête et donc une disponibilité totale de l’énergie pour l’effort (toute crispation entraîne des pertes d’énergie et donc une performance moindre).

Moi, je suis un peu des deux : j’adore m’entraîner et je pourrais le faire tous les jours sans jamais mettre un dossard mais la compétition a une saveur particulière à laquelle j’aime goûter ponctuellement. Je considère que c’est le chemin qu’on prend qui est important, c’est là qu’on entre dans la philosophie et même dans la spiritualité. Et entre deux chemins possibles, la plus grande richesse est souvent dans celui qui apparaît comme le plus difficile.

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