Il ne se passe pas une semaine en coaching sans que je doive faire une mise au point avec mes sportifs au sujet des indicateurs et des modélisations fournies par les appareils de mesure (montres, compteurs, balances, etc) et les applications (Strava et Garmin en particulier). Ces journaux d’entraînement numériques font évoluer la manière de pratiquer le sport. Cependant, il vaut mieux bien savoir s’en servir pour ne pas tomber dans des pièges.
Pourquoi étudier ses données ?
Avec un esprit et une formation scientifique de haut niveau, j’ai toujours aimé les chiffres et pris un certain plaisir à les analyser, à les comprendre et à les faire évoluer. Le fait que Strava, Garmin ou Nolio rassemblent des données essentielles consultables d’un coup d’œil est pratique. Dans le cadre de mes coachings à distance, c’est même incontournable si on veut fournir un travail de qualité en ayant une grande quantité d’informations pour un suivi idéal de mes cyclistes et triathlètes.

L’analyse de toutes les statistiques permet avec une certaine maîtrise de comprendre comment vous fonctionnez, ce qui marche dans votre entraînement et ce qui ne marche pas, là où vous avez été bon en compétition et là où vous avez échoué. Avec un niveau supérieur de savoir-faire, vous pouvez être en capacité de savoir comment mieux progresser et même anticiper vos performances.
Comment s’y prendre ? Quelques exemples basiques sur Strava
Au premier regard sur votre profil Strava, vous remarquerez un petit graphique qui présente des cercles plus ou moins gros. Ce sont vos activités des 4 dernières semaines d’entraînement. Ce graphe est très utile pour visualiser en un coup d’œil l’évolution du nombre d’heures (volume) que vous faites par jour et par semaine, ce dont on ne se rend plus compte quand on a la tête dans le guidon et une vie bien remplie.

Mais attention : il ne faut pas confondre volume et charge ! La charge prend en compte la durée ET l’intensité de vos séances, c’est donc en général une meilleure mesure de la fatigue que génère l’entraînement. Regarder uniquement le volume permet néanmoins d’avoir un recul sur les périodes où vous avez passé plus ou moins d’heures à l’entraînement comme lors de vacances, de weekends chocs, de préparation spécifique longue distance et d’évaluer approximativement l’équilibre de votre entraînement dans le temps.

Un autre outil utile pour mieux se connaître et améliorer certains points faibles est la « Courbe de Puissance » qui est votre profil de puissance record (PPR). Vous pouvez juger de sa forme. Dans quelle mesure est-elle une décroissance exponentielle ? Beaucoup de puissance sur quelques secondes d’effort mais une très faible puissance sur plusieurs heures par exemple ? Dans ce cas, si votre objectif est de faire des longues cyclosportives ou des triathlons longue distance, il sera intéressant d’améliorer vos capacités d’endurance avec des séances spécifiques EPIC, SST, FATMAX, endurance de force, etc. Vous pouvez aussi comparer vos PPR sur plusieurs périodes de l’année et trouver instantanément les séances lors desquelles vous avez développé votre meilleure puissance sur n’importe durée.
L’erreur faite par la plupart des sportifs
Une manière complémentaire pour savoir si vous en faites trop ou pas assez est la mesure d’effort pour chaque sport et pour chaque activité. Elle apparait sur chaque activité. C’est un score attribué sur la base du temps que vous avez passé dans chaque zone de fréquence cardiaque et de puissance, les zones basses attribuant peu de points et les zones hautes beaucoup de points puisque très exigeantes physiologiquement. Tous ces scores sont additionnés chaque jour et chaque semaine pour vous donner une mesure hebdomadaire de votre effort de manière à identifier si vous êtes plutôt en récupération, en entraînement idéal ou en surentraînement.

Cet indicateur a priori pertinent a ses limites selon les séances et les sports puisqu’il est basé sur la FC et/ou la puissance. Par exemple en trail je peux faire une sortie avec beaucoup de descentes raides faites à FC basse mais qui ont un gros impact au niveau musculaire (travail excentrique) mais la mesure d’effort que donnera Strava sera faible (basée uniquement sur la FC) alors que la séance aura été très dure. Idem sur une longue séance de force en vélo.

Réduire l’impact d’une séance ou le niveau de forme uniquement au système cardiovasculaire est une erreur. Voici quelques cas des autres systèmes mis en œuvre au quotidien et durement sollicités dans le cadre d’une activité physique :
- Système nerveux (exemple : sprints)
- Système respiratoire (ex : froid)
- Système digestif (ex : gels qui passent mal)
- Système urinaire (ex : filtration de tous les bidons bus sur une sortie longue)
- Système endocrinien/hormonal (ex : testostérone basse à cause d’un surentraînement)
- Système immunitaire/lymphatique (ex : défenses affaiblies suite à une séance difficile)
- Système musculosquelettique (ex : courbatures suite à un entraînement en force)
Ce sont tous ces paramètres qu’il faudrait prendre en compte pour avoir la compréhension la plus large de l’entraînement. C’est une équation avec une infinité d’inconnus dans l’état actuel de nos connaissances, de nos capacités à modéliser tous ces indicateurs et à les mesurer, sachant qu’en plus ces différents systèmes sont interdépendants.

Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que nous sommes à l’âge de la préhistoire des modèles physiologiques et qu’il est risqué de s’en remettre uniquement à quelques indicateurs. Pire encore quand les indicateurs sont mal mesurés (fréquence cardiaque au poignet peu fiable au lieu de porter une ceinture thoracique), quand les modélisations sont simplistes (par exemple le VO2 Max estimé de Garmin qui surréagit à certaines séances) ou quand les indicateurs sont trompeurs (la balance qui vous dit que vous n’avez pas perdu de poids mais en fait vous avez gagné du muscle, de la puissance et finalement vous allez plus vite).
J’utilise ces outils et ces fonctionnalités que ce soit pour mon entraînement personnel ou dans le cadre des coachings mais je m’en sers avec précaution et humilité, en les croisant, en les pondérant, et surtout en mettant au cœur de mon accompagnement la relation humaine avec l’athlète pour anticiper, évaluer et être sur la meilleure ligne de progression possible. C’est ce qui change tout par rapport aux seules données. Pour obtenir un entraînement structuré plus ciblé et atteindre ses objectifs, le trio gagnant est : les données, l’échange et l’expérience.
COACHINGS & STAGES : contact@garcinromain.com
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